MA TENDRE ENFANCE



CHAPITRE XIV -- LE PLI BLEU


Par une belle soirée d'été, en rentrant de l'une de ces promenades salutaires, je trouvai, coincé dans ma boîte aux lettres, un télégramme que j'ouvris précipitamment.

Ce que je redoutais le plus au monde m'était confirmé par le cruel pli postal : Je savais ma mère malade et attendais toujours impatiemment la réponse aux lettres que je lui expédiais régulièrement ! Et là, impersonnelle et froide, je tenais entre mes doigts crispés la réponse à mon dernier envoi ...

Vingt ans après mon père, ma mère était partie le rejoindre dans un monde dont on ne revient pas !... La douleur était insupportable ... Se trouver si loin d'elle, se dire que c'était fini, que la revoir était impossible ... Ne pas avoir connu ses derniers moments, ses derniers désirs, ses dernières paroles ... subir et être inutile ! Dans le livre de ma vie, une page était tournée définitivement et quelle page ! ...

Quelques temps après, je commençai ce récit ! Il me fallait mettre des mots sur la souffrance... Je pris donc un cahier d'écolier et commençai mes


REVERIES


Toi, la rose immaculée
Ce fût un ravissement de t'observer
Parsemée de gouttes de rosée
Tu étais belle à en pleurer
Merci pour ces instants de bonheur
Mais, tu meurs !



Toi, le chaton au creux de mes bras,
Tout chaud encore de ta vie qui s'en va,
Si doux et si soyeux sous mes doigts,
Pour moi tu étais un peu de joie,
Merci petit compagnon de bonheur,
Mais, tu meurs !


Toi, ma mère infiniment aimée,
Avec quelle tendresse tu m'as élevée,
C'est ton exemple qui m'a stimulée,
De te voir aujourd'hui les yeux fermés,
Il ne reste de nos années de bonheur,
Que des pleurs !


Quelle est la beauté qui ne s'abîme pas,
Quel est le bonheur qui ne se ternit pas,
Et, surtout, quel est l'Amour qui ne passe pas ?
Dis-le moi !

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