MA TENDRE ENFANCE



CHAPITRE VI - LES BLES D'OR

1° Partie

Lorsque venait le mois d'août, nous étions embauchés pour aller glaner les épis dispersés dans les champs après le passage de l'énorme moissonneuse ; celle-ci appartenait à un châtelain des environs ; il la louait de ferme en ferme, contre un certain pourcentage de blé, lequel s'ajoutait à sa propre récolte ; l'opération le satisfaisant, les fermiers ne rechignaient pas trop pour payer leur quote-part ! L'arrangement contentait donc les deux parties et, chaque été, la moissonneuse revenait travailler au hameau coupant et liant les gerbes dorées.

Derrière la machine, les moissonneurs engagés pour la journée, de larges chapeaux de paille enfoncés jusqu'aux oreilles, le dos courbé sous un soleil de plomb, maniaient avec dextérité leur faucille au tranchant aiguisé dans les recoins inaccessibles à l'engin !

Nous suivions, un peu en retrait, marchant avec précaution parmi les racines piquantes ; il suffisait de réunir les épis éparpillés ça et là et d'en faire de gros bouquets que le plus adroit attachait avec un brin de paille. Une partie de ces épis nous était réservée et nous permettait de nourrir, pendant quelques jours, les quelques poulets que nous possédions.

Le travail était pénible et ininterrompu durant toute la matinée ; enfin, lorsque le soleil touchait à son zénith, c'était avec une satisfaction évidente que nous nous laissions tomber le long des haies, sous l'ombre protectrice et bienfaisante des arbres feuillus. Nous nous désaltérions de bolées de cidre aigrelet coupé d'eau, puis nous délassions nos membres fatigués, nous redressions notre dos brûlant, tout en partageant la miche odorante de pain bis accompagné de charcuteries dont nous raffolions ! ...

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