MA TENDRE ENFANCE



CHAPITRE X - PREMIERES VACANCES

1° PARTIE


Tout en se dépensant sans compter pour le bien-être de notre petite famille, un beau jour notre mère décida d'arrondir les fins de mois en occupant les "loisirs" que lui laissait son emploi d'institutrice ...

Bien entendu, elle avait des idées à revendre et avec sa ténacité coutumière elle arrivait presque toujours à obtenir ce qu'elle désirait !...

Elle devint donc correspondante du journal local ; outre les petites annonces à faire paraître régulièrement, elle savait conter par le menu , avec une verve extraordinaire, le moindre fait marquant la vie de la commune : ses rubriques étaient attendues avec curiosité et impatience étant donné son habileté à rechercher l'information dans les domaines les plus divers ... et sa plume courait, inspirée, alerte , dès le retour de l'école ! Très vite les feuillets rejoignaient l'enveloppe préparée à l'avance, car il nous fallait poster le courrier avant la levée du soir ... A tour de rôle les plus grands étaient chargés du précieux envoi et revenaient, portant sous le bras, le pain de 4 livres et sa pesée que nous allions engloutir aux repas suivants !

Elle répondit elle-même à l'une de ces petites annonces en proposant ses services dans un cabinet d'Assurances dont l'Agent cherchait un encaisseur à domicile : elle le fût, tout simplement ! C'est ainsi que le jeudi, lorsque nous rentrions de nos ballades, nous la trouvions toujours en grande discussion avec un client éventuel ! Etait-il suffisamment garanti ? Contre le feu, la grêle, etc ... Un nouveau contrat, c'était aussi pour nous un peu plus de stabilité, une vie plus facile !

Elle se fit un ami de cet assureur. C'était un brave homme aimable et généreux : ses cheveux blancs et coiffés "en brosse" amenuisaient un visage empreint de bonté ; derrière des verres à monture d'écaille ses petits yeux bleus, éternellement en mouvement, observaient les êtres avec une acuité constante mais ses lèvres fines ne laissaient tomber ni critiques sévères ni jugements trop hâtifs !

Nous avions fait la connaissance de son épouse lors d'une de ses tournées d'inspection : visiblement ils formaient un couple très uni ! Petite et fragile, elle disparaissait dans l'énorme traction avant, noire et brillante, qu'il conduisait d'une main assurée sans vitesse excessive ... Elle l'accompagnait dans tous ses déplacements et contribuait énormément à la réussite professionnelle de son mari grâce à une intuition et à un doigté sans faille !

Cependant, aucun enfant n'était venu ensoleiller leur union et, de ce fait, au fil des jours, leur sympathie pour nous s'était transformée en une réelle affection que nous leur rendions bien !

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