LE GRAND CLOS
( aquarelle)
Te souviens-tu de la maison de notre enfance, dans cette Bretagne qui fait partie de nous ?
Je la revois distinctement cette longue bâtisse sans étage, aux murs de granit, avec ses cheminées dépassant du toit couvert d'ardoises ... Devant, une large cour sur laquelle nous pouvions nous ébattre ou nous chamailler ... plus loin, c'était le jardin, très grand, avec ses allées terreuses séparant les carrés de légumes ... Rappelle-toi aussi nos tabliers d'école tachés par le jus des cerises lorsque c'était la saison ! Nous en mangions autant que nous en ramassions pour annoncer, ensuite, qu'elles n'étaient pas encore mûres !...
Nous n'avions aucun confort, l'argent était rare, l'eau se prenait au puits dans un grand seau en fer blanc que nous posions sur la margelle après l'avoir remonté à l'aide de la manivelle ! Mais, les rosiers l'encerclaient, les volubilis l'envahissaient et nos plus belles photos souvenirs ont été prises près de lui.
Lorsque revenaient les beaux jours, nous allions pêcher les anguilles et les gardons dans la Vilaine et préparions, fièrement, la friture pour le repas du soir ! Les jours de pluie, nous allions visiter le grenier à l'aide de la grande échelle aux barreaux vermoulus et fragiles, mais nous étions légers à cette époque ! Et quelle joie d'ouvrir les vieilles malles aux serrures rouillées contenant tant de trésors, depuis le costume du grand-père jusqu'aux rideaux jaunis dont nous nous enveloppions pour jouer aux fantômes ...
L'hiver était rude ; pour nous chauffer, il nous fallait récupérer le petit bois dans la forêt toute proche ; lorsqu'il flambait dans l'âtre, nous ajoutions une bûche et laissions les portes ouvertes à l'intérieur de la maison pour que la chaleur se propage le plus loin possible ...
L'école était loin ; nous partions chaussés de galoches, la tête enfouie sous un passe-montagne, les mains serrant au fond des poches la pomme ridée du goûter ... la glace s'accumulait sur les chemins et nous en cassions la fine pellicule d'un coup de nos semelles cloutées !
A la tombée du jour, nous étions si heureux d'y revenir vers notre maison ... La porte s'ouvrait et se refermait très vite derrière nous ; nous retrouvions alors les odeurs exquises du repas que nous allions prendre en famille : soupe de légumes mijotant dans la marmite, pommes de terre cuites sous la braise, châtaignes grillées claquant brusquement sous la brûlure des flammes ... C'était le festin de la journée ; nous mangions lentement en buvant du lait chaud, nous racontant notre journée ; puis, venait le moment où, les paupières lourdes de fatigue, nous nous enfoncions sous l'édredon et partions vers le pays des rêves sous la caresse du baiser maternel !
Je la revois distinctement cette longue bâtisse sans étage, aux murs de granit, avec ses cheminées dépassant du toit couvert d'ardoises ... Devant, une large cour sur laquelle nous pouvions nous ébattre ou nous chamailler ... plus loin, c'était le jardin, très grand, avec ses allées terreuses séparant les carrés de légumes ... Rappelle-toi aussi nos tabliers d'école tachés par le jus des cerises lorsque c'était la saison ! Nous en mangions autant que nous en ramassions pour annoncer, ensuite, qu'elles n'étaient pas encore mûres !...
Nous n'avions aucun confort, l'argent était rare, l'eau se prenait au puits dans un grand seau en fer blanc que nous posions sur la margelle après l'avoir remonté à l'aide de la manivelle ! Mais, les rosiers l'encerclaient, les volubilis l'envahissaient et nos plus belles photos souvenirs ont été prises près de lui.
Lorsque revenaient les beaux jours, nous allions pêcher les anguilles et les gardons dans la Vilaine et préparions, fièrement, la friture pour le repas du soir ! Les jours de pluie, nous allions visiter le grenier à l'aide de la grande échelle aux barreaux vermoulus et fragiles, mais nous étions légers à cette époque ! Et quelle joie d'ouvrir les vieilles malles aux serrures rouillées contenant tant de trésors, depuis le costume du grand-père jusqu'aux rideaux jaunis dont nous nous enveloppions pour jouer aux fantômes ...
L'hiver était rude ; pour nous chauffer, il nous fallait récupérer le petit bois dans la forêt toute proche ; lorsqu'il flambait dans l'âtre, nous ajoutions une bûche et laissions les portes ouvertes à l'intérieur de la maison pour que la chaleur se propage le plus loin possible ...
L'école était loin ; nous partions chaussés de galoches, la tête enfouie sous un passe-montagne, les mains serrant au fond des poches la pomme ridée du goûter ... la glace s'accumulait sur les chemins et nous en cassions la fine pellicule d'un coup de nos semelles cloutées !
A la tombée du jour, nous étions si heureux d'y revenir vers notre maison ... La porte s'ouvrait et se refermait très vite derrière nous ; nous retrouvions alors les odeurs exquises du repas que nous allions prendre en famille : soupe de légumes mijotant dans la marmite, pommes de terre cuites sous la braise, châtaignes grillées claquant brusquement sous la brûlure des flammes ... C'était le festin de la journée ; nous mangions lentement en buvant du lait chaud, nous racontant notre journée ; puis, venait le moment où, les paupières lourdes de fatigue, nous nous enfoncions sous l'édredon et partions vers le pays des rêves sous la caresse du baiser maternel !
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