MA TENDRE ENFANCE
Chapitre III - FACE A LA VIE
1° Partie
1° Partie
Je n'avais aucune idée, encore, des énormes difficultés qui allaient survenir, jour après jour ... Nous étions en 1946 et faisions partie de la masse des familles pauvres ! Mais, j'admirais ma mère, je pensais qu'avec elle rien de mal ne pourrait nous arriver ... Elle était la force et la tendresse, le savoir, l'efficacité, la solution à tous nos problèmes d'enfants :
Elle était le port tranquille où nous aimions nous retrouver ...
Elle était le fort solide où nous nous sentions protégés !
J'avais encore en mémoire les épreuves subies durant la guerre qui venait de s'achever ... Mon père était déjà malade et c'était elle qui nous entrainait en courant vers les tranchées creusées par les fermiers près de l'étier, lorsque les avions assassins surgissaient à l'horizon.
Je n'avais pas oublié certaines soirées, encore si proches, pendant lesquelles nous nous calfeutrions dans la salle-à-manger, rassemblés autour d'une cheminée sans feu, près du lit où notre père était étendu. Nous posions près de lui la lampe à pétrole et nous écoutions sa voix grave, parfois haletante et cassée, nous lire les oeuvres de la Comtesse de Ségur, tandis que ma mère raccommodait d'innombrables paires de chaussettes dont elle ne voyait jamais la fin ...
Et, comment oublier tous ces "quatre heures" où, sur notre tartine règlementaire de pain noir elle étendait parcimonieusement un peu de saindoux qu'elle salait ensuite avant de nous la donner avec précaution ... Je ne m'étais jamais demandé comment elle obtenait ce "supplément", conservé jalousement dans le "garde-manger" inaccessible pour nous mais, nous étions tellement privés, que nous trouvions ces goûters délicieux !
Je me souviens des blouses d'écolier taillés par elle dans des sacs de toile bise et rêche, mais sur l'empiècement desquelles les papillons folâtraient gaîment, brodés par ses doigts agiles ... Lorsqu'après de nombreux lessivages la toile blanchissait, les ailes des papillons avaient perdu leurs couleurs chatoyantes ! Pourtant, ces blouses étaient inusables et passaient de l'un à l'autre à chaque rentrée scolaire. Personne ne se souciait de la mode et les garçons étaient très fiers de leurs sarraus plissés.
Elle était le port tranquille où nous aimions nous retrouver ...
Elle était le fort solide où nous nous sentions protégés !
J'avais encore en mémoire les épreuves subies durant la guerre qui venait de s'achever ... Mon père était déjà malade et c'était elle qui nous entrainait en courant vers les tranchées creusées par les fermiers près de l'étier, lorsque les avions assassins surgissaient à l'horizon.
Je n'avais pas oublié certaines soirées, encore si proches, pendant lesquelles nous nous calfeutrions dans la salle-à-manger, rassemblés autour d'une cheminée sans feu, près du lit où notre père était étendu. Nous posions près de lui la lampe à pétrole et nous écoutions sa voix grave, parfois haletante et cassée, nous lire les oeuvres de la Comtesse de Ségur, tandis que ma mère raccommodait d'innombrables paires de chaussettes dont elle ne voyait jamais la fin ...
Et, comment oublier tous ces "quatre heures" où, sur notre tartine règlementaire de pain noir elle étendait parcimonieusement un peu de saindoux qu'elle salait ensuite avant de nous la donner avec précaution ... Je ne m'étais jamais demandé comment elle obtenait ce "supplément", conservé jalousement dans le "garde-manger" inaccessible pour nous mais, nous étions tellement privés, que nous trouvions ces goûters délicieux !
Je me souviens des blouses d'écolier taillés par elle dans des sacs de toile bise et rêche, mais sur l'empiècement desquelles les papillons folâtraient gaîment, brodés par ses doigts agiles ... Lorsqu'après de nombreux lessivages la toile blanchissait, les ailes des papillons avaient perdu leurs couleurs chatoyantes ! Pourtant, ces blouses étaient inusables et passaient de l'un à l'autre à chaque rentrée scolaire. Personne ne se souciait de la mode et les garçons étaient très fiers de leurs sarraus plissés.
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