MA TENDRE ENFANCE


Chapitre V
- LABORIEUX LOISIRS

1° Partie

Quand on est petit le temps s'écoule lentement et, lorsqu'il grandit pendant une période où les restrictions sont monnaie courante, où la peur est inévitable et toujours présente, un enfant devient adulte sans heurts, sans crise de conscience, même s'il n'a pas 10 ans, simplement parce qu'il faut survivre !

C'était notre cas et, après le décès de notre père, nous ne savions ma soeur et moi de quelle façon aider notre mère. Notre contribution aux charges du ménage nous paraissait évidente, aussi portions- nous tous nos efforts sur les tâches qu'elle nous confiait, afin de lui donner satisfaction et de la voir sourire ...

Bien sûr, nous nous occupions des garçons ; nous savions les laver, les habiller ... nous allions "tirer" l'eau au puits et la faisions chauffer sur le trépied posé dans la cheminée, après l'avoir versée dans une cuvette de tôle galvanisée ... nous faisions la vaisselle sans rien casser, ou rarement ! Nous savions manier le balai d'ajoncs sur le sol de terre battue, après avoir arrosé légèrement pour éviter une poussière trop abondante ! Nous aidions à plier les draps en les tirant le plus possible afin de pouvoir les ranger sans repassage. Nous faisions les courses en demandant au commerçant de "marquer" la somme due et maman allait règler la note tous les dimanches en sortant de la messe de six heures !

Le jeudi, puisqu'il n'y avait pas classe, une foule de travaux occupait nos heures de "liberté" ... travaux variant selon la saison !

En octobre, si le temps n'était pas très sûr, nous en profitions pour nous rendre dans les vergers des alentours. Nous avions obtenu des propriétaires, gros producteurs de cidre, la permission de ramasser les pommes tombées ; il s'agissait là, de fruits tachés ou véreux, mais après un tri rigoureux, ma mère savait les transformer en onctueuses compotes dont nous nous régalions !

Lorsque la pluie s'annonçait, il nous fallait dix minutes pour rentrer en courant le long des sentiers protégés par d'énormes chênes qui faisaient une voûte de leurs branchages feuillus. Nos forces étant limitées, nous faisions le va-et-vient plusieurs fois dans la même journée afin d'obtenir une récolte suffisante.


Commentaires

Articles les plus consultés