MA TENDRE ENFANCE



Chapitre V - LABORIEUX LOISIRS

2° Partie


A l'automne, nous étions très occupés car, outre le ramassage des pommes, les jours de grand beau temps nous faisions la provision de châtaignes pour l'hiver. C'était alors une véritable expédition !...

Nous possédions un champ inculte, qui venait des grands parents, en bordure duquel s'élevait une rangée de châtaigniers. C'eût été merveilleux si le champ avait été situé dans un périmètre pas trop éloigné de chez nous ! Mais hélas, il y avait 6 kilomètres à faire pour s'y rendre ...

Ces jours-là notre mère nous accompagnait. Nous partions le plus tôt possible, les deux petits encore endormis installés dans une poussette que nous tirions à tour de rôle, les autres portant le pique-nique car nous ne rentrions que le soir ! Heureusement la source qui nous attendait au bout du voyage nous évitait de nous charger de bouteilles d'eau , car nous étions sans cesse assoiffés !

Nous ramassions les châtaignes rondes et brillantes et en remplissions des sacs de toile de jute fabriqués par ma mère et destinés à cet usage ! Bien sûr, nous attendions impatiemment l'heure de nous restaurer et, c'était affamés et morts de fatigue que nous nous jetions sur les provisions préparées à la maison ...

Parfois, un troupeau de vaches ou de moutons paissait un peu plus loin et nous n'étions pas trop rassurés ... Nous avions beau savoir ces animaux inoffensifs, leur proximité nous paralysait un peu et beuglements ou bêlements intempestifs nous faisaient sursauter ...

Le plus difficile était le retour ; la journée avait été longue et pénible et nous devions refaire nos six kilomètres en sens inverse, portant à bout de bras nos sacs pesants remplis de fruits jusqu'aux bords ... Nous arrivions, éreintés, heureux de retrouver un lit douillet dans lequel nous nous glissions avec un plaisir extrême pour n'en plus bouger jusqu'au lendemain matin ! ...

C'était aussi en automne que nous longions les haies, recherchant les massifs de ronces, cueillant au milieu des piquants les mûres d'un noir luisant, gonflées de jus ; nous les déposions dans les bocaux de verre dont nous nous étions munis puis rentrions, les doigts tachés, les visages cuits par le soleil, mais très fiers de notre récolte ! Comme nous savions l'apprécier en hiver la gelée "bien prise" dont nous tartinions le pain du goûter, en oubliant les égratignures du ramassage !

Comme elles sentaient bon les châtaignes grillées qui, accompagnées de lait caillé, constituaient souvent le repas du soir pendant le mauvaise saison ! ...

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