MA TENDRE ENFANCE


CHAPITRE XIII - UN NOUVEAU DECOR

1° PARTIE

Lorsque je me mariai, au printemps 1958, je quittai ma Bretagne natale aux horizons changeants pour les Alpes majestueuses et inaltérables. Je troquai la douceur d'un ciel tendrement gris à perte de vue, contre un plafond incroyablement bleu allant retomber derrière une chaîne circulaire de montagnes arides. Je me retrouvai dans une sorte d'immense cuvette splendide mais, pour moi, un peu étouffante ...

Il y eût tellement de kilomètres à franchir dans la 4 chevaux poussive, tellement de virages en épingle à cheveux, de montées étroites et caillouteuses, de descentes vertigineuses sur des routes rendues glissantes par le fonte des neiges, que je me sentis au bout du monde !...

Cette petite ville fortifiée par Vauban était divisée en deux : la ville nouvelle, bâtie dans une zone relativement plate ressemblant, avec ses immeubles neufs et ses commerces divers, à n'importe quelle autre cité ; elle s'étalait au pied d'une pente rectiligne de cent mètres de dénivellation, dont le plus haut point aboutissait au pont-levis, permettant l'accès dans la ville fortifiée !

Celle-ci comportait une voie principale creusée en son milieu d'un caniveau dans lequel coulait une eau limpide et glacée. Des ruelles tortueuses grimpaient, d'un jet entrecoupé de marches plates, vers les façades imposantes de casernes inoccupées, signe tangible d'un passé glorieux ; le tout encerclé de remparts, de douves, de forts : telle fût la première vision que j'eus de mon nouveau domaine !

Ce ruisseau insolite faisait de la grande rue , appelée aussi "grande gargouille" un passage étroit desservant des immeubles accolés les uns aux autres, paraissant aussi solides que les forts environnants ...

Il me fallait emprunter l'une des ruelles, puis grimper sur le sentier de chèvre qui la prolongeait, pour accéder au chemin de ronde. De là, un merveilleux panorama accrochait le regard : je me trouvais dans un cirque de montagnes inaccessibles, et pourtant toutes proches, chapeautées de blanc, sur les flancs desquelles , jusqu'à mi-hauteur, une végétation de résineux habillait la roche grise.

Briançon était blottie au centre d'un écrin imprenable et superbe, entre gouffres et pitons , là où les aigles sont rois, où les chamois et les marmottes viennent s'abreuver dans l'eau claire des torrents ...

Au pied de ces masses imposantes, une route serpentait, fine comme un ruban, pour s'évanouir dans le lointain !...



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